Ivan MORAVEC (Prague 9 novembre 1930)

IVAN MORAVEC fête ses 80 ans

L’art du piano dans toute sa magie
Ivan Moravec est né à Prague le 9 novembre 1930, dans la famille d’un juriste. Il s’impose dans la vie musicale tchèque dès ses études au Conservatoire de Prague. Son intérêt principal jusqu’ à l’âge de 15 ans est orienté vers l’opéra. Plus tard, il travaille le piano avec Erna Grünfeld. À 20 ans, il entre au Conservatoire de Prague, puis à l’Académie des Arts de Prague où il étudie avec Ilona Štěpánová-Kurzová, fille de Vilém Kurz. Le récital d’Arturo Benedetti Michelangeli à Prague est une révélation qui oriente son choix définitif pour le piano. A. Benedetti Michelangeli ayant écouté Ivan Moravec à Prague en 1957, l’invite en Italie où il participe aux master classes d’Arezzo de 1957 à 1958.

"Être pianiste et musicien n'est pas une profession. C'est une philosophie, un style de vie qui ne peut se fonder ni sur les bonnes intentions ni sur le talent naturel. Il faut avoir avant tout un esprit de sacrifice inimaginable" (Arturo Benedetti Michelangeli).

1963, va décider de sa carrière. Ivan Moravec est invité par George Szell, directeur musical de l’orchestre de Cleveland, à participer à une tournée américaine, depuis cette date, Ivan Moravec n’a cessé de donner des récitals dans de nombreux pays, États-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Autriche et plus tardivement en France. Il ne se produit que plus rarement en République Tchèque du fait de ses nombreuses tournées à l’étranger, aux grands regrets des mélomanes tchèques. Mais, fidèle à Prague, il donne des master classes lors de ses concerts à l’étranger.

Le 28 octobre 2000, le Président de la République tchèque, Václav Havel, remet à Ivan Moravec, la Médaille du Mérite récompensant ainsi l’ensemble de sa longue carrière. Il reçoit dans le même mois, la plus prestigieuse récompense tchèque : le Prix Charles IV.
En janvier 2002, il est honoré et reçoit le Cannes Classical Award pour l’ensemble de ses réalisations durant plus d’un demi-siècle, récompense accordée par plusieurs magazines de musique internationale qui reconnaissent l’attrait universel de la musique classique.

Il fait partie des soixante-treize meilleurs pianistes du monde de la célèbre série Les grands pianistes du XXe siècle, créée par Philips Classics en 1999. On peut citer Richter, Horowitz, Rubinstein…
Ivan Moravec a réalisé de nombreux enregistrements sous différents labels : Nonesuch, Decca, Supraphon, Connoisseur Society, Dorian, Pro Arte, Quintessence, Vox, Moss Music…
250.000 de ses disques vendus sous le label Supraphon lui ont valu le disque de platine.
Sa discographie est impressionnante avec une prédominance de la musique de Chopin et Debussy, comme il le dit lui-même : « J’ai joué et enregistré le Children’s Corner étant enfant et cela m’a permis de m’ouvrir au monde de Debussy. Sa musique et celle de Chopin sont devenues mes préférées. » « Les enregistrements sont une façon honnête de se comparer aux autres musiciens, dit-il. Pour tout étudiant en musique, la connaissance et la comparaison de différentes interprétations sont aussi importantes que la connaissance de la littérature médicale pour un étudiant en médecine. Pour trouver sa voie cependant, l’artiste doit s’écouter attentivement et objectivement et ainsi devenir son propre professeur. »

Ivan Moravec est de ces pianistes qui, comme Paul Badura-Skoda, ne se séparent jamais de leur petite trousse d’outils destinés à régler les pianos qu’ils rencontrent au hasard des salles de concert. Pour son portrait et ses interprétations, voici quelques extraits choisis dans le compte-rendu de divers concerts aux États-Unis (Denver, New York, Kansas, Middlebury), en Angleterre (Londres), en France (Toulouse, Paris), en République tchèque (Prague), en Autriche (Salzbourg) et en Allemagne (Munich) entre 2007 et 2009.

* Ivan Moravec en tant que personne rayonne d’une personnalité amicale et noble sur scène, serein, passionné et totalement concentré sur le piano, remerciant timidement les ovations du public en mettant sa main sur son cœur, indiquant ainsi à quel point il est touché de nous faire plaisir.
Le concertiste nous dévoile sans effort son immense talent, sa technique qui se marie à merveille à son sens de l’interprétation.

* Sans ego, Ivan Moravec communique simplement la beauté et l’émotion de tout ce qu’il interprète, sa capacité à faire s’écouler les notes comme un ruisseau, à les faire palpiter comme les ailes d’un papillon et à révéler la passion avec toute son intensité émotionnelle, mais sans dureté, est magique. Son style devrait être enseigné à la nouvelle génération des pianistes d’aujourd’hui.

* Ivan Moravec a été très aimable de jouer trois bis, dont le dernier fut une Polka de Smetana pleine d’énergie et de joie de vivre. Hommage bienvenu à son attache nationale et aussi une façon merveilleuse de dire merci et l’espoir de le revoir plus tard.

* A l’après concert : accueil si chaleureux vers ses admirateurs, serrant les mains avec les siennes qui sont son outil de travail et de plus venant à notre rencontre comme si nous arrivions dans une réunion privée.

* Ivan Moravec est un rare joyau dans notre monde « hyperbranché », du tout pour soi, qui touche aussi les musiciens classiques. Son art pianistique est tout simplement de la poésie. Sentir les couleurs et les sons joués en direct vous inonder reste une véritable expérience que je n’oublierai jamais. Il a la réputation de l’homme qui joue avec son cœur et son âme.

* Un art d’excellence murmurée mais clairement entendue.

* Vieille école au meilleur sens du terme.

* Ivan Moravec et son épouse Zusana sont les personnes les plus chaleureuses, les plus adorables que l’on puisse imaginer et tous les deux parlent très bien anglais.

Pour son interprétation

* Le concertiste nous dévoile sans effort son immense talent qui se marie à merveille avec son sens de l’interprétation. Son intensité émotionnelle, sans dureté est magique.

* Une approche sans effet pour faire briller la musique, rien que la musique.

* Ivan Moravec est le musicien des musiciens, la représentation d’un glorieux héritage de pianistes illustres. Son récital au Foly Theater a permis d’écouter l’éloquence et la subtilité musicales de l’artiste.
Là où certains pianistes flattent leur public par une théâtralité étincelante, Moravec se révèle dans toute son humilité avec une démarche sans effets qui met en valeur la musique du compositeur.
Dans les deux extraits de Sur un sentier recouvert, Ivan Moravec met en valeur le côté folklore et lyrique. Dans Dans les brumes, qui a plus de substance avec ses coloris impressionnistes, sa ferveur romantique et son lyrisme incisif sont teintés de tristesse. Ivan Moravec emploie une tonalité vigoureuse et des sonorités abruptes notamment dans les deux derniers mouvements.

* La musique de Debussy est connue pour ses couleurs et Moravec emploie une large palette dans les trois mouvements de la Suite pour piano. Dans le Prélude, il montre un sens subtil de l’architecture musicale dans les passages rapides qui traversent l’œuvre. La Sarabande est saisissante de beauté et de simplicité. La Toccata finale est impressionnante. Maîtrise technique avec des myriades de difficultés sans jamais perdre la musicalité même dans les changements sensibles de tempi. A remarquer également son souci de mettre en valeur chaque note.

* Dans la suite Children’s Corner, les couleurs de Moravec sont confondantes : sonorités sombres dans Dr Gradus, brillantes dans La Neige danse. Tempi relâchés dans Golliwogg’s cake-walk révélant tout le côté charmant et humoristique du morceau. Dans la Ballade n°4 de Chopin : jeu élégant, textures épaisses et grande étendue des émotions. Enfin la Ballade n°1 en sol mineur : le thème à la main droite est entamé avec des libertés de tempo occasionnelles laissant les spectateurs quelque peu décontenancés.

* Ivan Moravec est mon pianiste vivant favori. Je n’oublierai jamais ses interprétations si belles, si éloquentes qui m’ont littéralement laissé en larmes.

* A 78 ans je sais qu’il ne va plus parcourir le monde pendant des années d’où ma décision d’aller l’écouter à Kansas City.

*Janáček, Debussy et Chopin : le pianiste est encore incroyable. Il joue sur un Steinway à la tonalité un peu rude, mais l’exécution de Moravec est d’une merveilleuse subtilité, pleine d’imagination, une vraie magie. La Ballade en sol mineur à elle seule vaut le voyage…

* Ce piano symphonique, quoique d’un étonnant délié, taille le Prélude, Choral et Fugue de César Franck, dans l’étoffe des sons.
* C’est un Debussy capiteux et d’une parfaite opulence hédoniste que nous livre Moravec en seconde partie, un mouvement ample et fou qui emporte sur son passage Clair de lune, Reflets dans l’eau et Jardins sous la pluie… La Ballade en fa mineur op. 52 clôt avec panache un récital accompli de la première à la dernière note dans une ferveur qui n’a d’égal que le coté très haut en couleur du petit bonhomme en blanc et noir.

* Départs absolument magiques dans les mouvements lents.

* Il ne joue pas lentement en raison de son âge, sa palette est particulièrement dynamique traitant différentes nuances de tranquillité, ce qui est apparu dans les deux pièces de Janáček, montrant également son art des pédales qui aide à clarifier les harmonies particulières et étranges de la musique de Janáček ...

* Modèle de grâce et d’élégance, interprétation réfléchie, rien de forcé, rien de figé, rien d’outré, à propos du Concerto pour piano N°14 en mi majeur (K.449) de Mozart.
Un artiste qui place la musique au-dessus de tout, sans peur de murmurer quand d’autres vocifèrent.

* Le répertoire d'Ivan Moravec n'est pas large, il choisit scrupuleusement les auteurs et les œuvres qui conviennent à sa nature. Parmi ses auteurs préférés il y a Mozart, Beethoven, Chopin, Schumann, Brahms, Ravel, Debussy, Smetana, Dvořák, Suk et Janáček. La musique contemporaine n'apparaît qu'exceptionnellement dans son répertoire. Son art de l'interprétation se distingue par sa retenue, sa précision et une immense richesse sonore. Sa virtuosité phénoménale ne veut pas éblouir, elle se met pleinement au service de l'auteur et de son œuvre. Quand il joue, on a l'impression que la technique pianistique cesse d'exister, car il joue les passages les plus difficiles avec une évidence et une facilité prodigieuses. Son art qui marie la sensibilité, la discrétion et la beauté du son fait merveille aussi dans les œuvres de Bedřich Smetana.
Geneviève Chaduteau-Ricou

Site officiel d’Ivan Moravec, simple, clair et efficace : [/URL]

La discographie d’Ivan Moravec est très abondante : de l’ordre de 175 CD, plus 3 DVD et 3 cassettes.
Les enregistrements de Connoisseur Society sont remarquables et presque tous restent encore disponibles.
Pour consulter sa discographie complète de 1962 à ce jour : [URL=http://www.ivanmoravec.net/discography/discography.html ]


Citons particulièrement ces DVD :
2001 : VAI Mozart DVD 4404 : Mozart : Ouverture de Don Giovanni, Concerto pour piano n° 20 en ré mineur, KV 466 (cadence de Beethoven), Dvořák : Chants bibliques op. 99, n°1-5 avec Bernarda Fink, mezzo-soprano, Orchestre Philharmonique Tchèque, dir. Jíři Bělohlávek.
2008 : Virtuoso Pianist, Récital Brahms, Mozart, Debussy, Chopin, enregistré en 1979 à Atlanta par la télévision accompagné d’une interview du pianiste par le producteur Frank Bell et transféré récemment.

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